Accéder au contenu principal

Tête de croisé

Il présente bien Michel Lizotte. Costume bleu, cravate assortie, chiffres et statistiques choisis, il se présente comme un « journaliste, auteur ». Mais quand il commence à parler de son expérience « d’animateur d’une session de formation adressée à des parents », ça se gâte. Rien qu’à l’intitulé de cette « formation », il y a de quoi sauter de sa chaise (ou vomir son petit-déjeuner, déjeuner, et dîner de la veille) : « Aider mon enfant à développer son potentiel hétérosexuel ». Développer son potentiel hétérosexuel.
Pour donner du poids à sa « thèse », Michel Lizotte explique qu’il a un Bac en journalisme, qu’il a obtenu ses diplômes au Québec, et qu’il est donc un vrai journaliste, « garde-fou » dans une société qui refuse de parler « de la réalité des ex-gais ». Car d’après Lizotte, « l’orientation sexuelle peut être changée avec un taux de succès assez significatif chez les personnes motivées ». Et de comparer ce taux de réussite avec l’arrêt du tabac ou l’arrêt de l’alcool.
Inutile d’aller plus loin, surtout lorsque quelques minutes plus tard, alors que vous pensiez avoir atteint le summum de l’obscurantisme, Michel Lizotte vous explique que la science prouvera peut être un jour qu’il existe un gène de l’homosexualité.
Un discours nocif.
Nocif, puisqu’il joue sur la corde sensible des parents. Oui, tous les parents souhaitent voir leurs enfants grandir dans une société qui les accepte comme ils sont. Oui, dans une société qui peine à accepter l’homosexualité, découvrir son homosexualité peut être vécu dans la souffrance, parce que nous vivons dans une société « hétérosexiste ».
Faire croire à des parents qu’il est « possible de rectifier certains comportements », c’est dangereux, voire criminel. Le taux de suicide plus élevé chez les jeunes homosexuels que chez les autres pourrait s’aggraver avec ce type de discours.

Commentaires

val a dit…
C'est fou que des personnes continuent de croire que l'homosexualité peut se changer et surtout que les parents peuvent y faire quelque chose. C'est dérangeant, horripilant et tellement con ! rrrr...
Séverine a dit…
Pouafff ... mais quelle horreur!! Merci Typhaine pour cet article très bien écrit. Si le gène de l'homosexualité existe qu'on lui retire le sien je pense que ce monsieur se sentira plus à l'aise!
Ana a dit…
Merci pour ce blog tres instructif. En lisant cet article, je reste bouche bée
Unknown a dit…
Atterrant !!!!

Posts les plus consultés de ce blog

Tintin en joual…Ça fait jaser!

Depuis sa sortie, le 20 octobre dernier, le premier album de Tintin en québécois, Colocs en stock , (directement adapté du Coke en stock d’Hergé) a fait couler beaucoup d’encre et rarement pour récolter des éloges. Proposé à plusieurs reprises par le sociologue québécois Yves Laberge aux éditions Casterman, le projet a fini par séduire et le « traducteur » a eu carte blanche pour remplir les bulles du célèbre reporter belge. Malheureusement l’accueil populaire a été plus que froid de ce côté-ci de l’Atlantique. « Ridicule », « grotesque », « farce monumentale », les 62 pages ont déclenché l’ire des tintinophiles et des (nombreux) défenseurs de la langue française, donnant lieu à de multiples diatribes souvent dignes du Capitaine Haddock. Que reproche-t-on à Yves Laberge? «  Une traduction infidèle  », «  un abus de vocabulaire passéiste  », «  une sur-joualisation  » des dialogues… La liste est longue. Mais le reproche que l’on retrouve le plus souvent dans la bouche ou sous la plu

Au boulot!

Après trois mois d'absence nous revoilà lecteur! Oserai-je même dire lecteur s ... En voyant le compteur des visites, je me dis que nous avons dû vous manquer et même, peut-être, vous mettre un peu en rogne en paressant tout l'été. Mais ça y est, nos plumes dilettantes se sont bien reposées, les barbules en éventail, se laissant porter (et aussi parfois estourbir!) par le vent d'été caniculaire de la belle Montréal.  En ces temps de rentrée, leurs pointes affutées sont, de nouveau, prêtes à tremper dans l'encre numérique, pour venir vous parler des Montréalismes qui se jouent sous nos fenêtres . Pour vous mettre un peu l'eau à la bouche, j'ose, en exclusivité, vous confier que, dans les prochains jours, nous vous parlerons photoblog, carte-postale-pas-comme-les-autres et architecture montréalaise...En attendant bonne rentrée!